ChurchillHISTORIQUE

Afin de donner un aperçu de l’ampleur du désastre et de la charge qui incombait à l’Angleterre d’endiguer l’ascension des U-Boote, voici un résumé-flash de la fin de l’année 1941 et de l’année 1942 d’après de nombreux ouvrages (voir la rubrique « Bibliographie »)

Afin de bien vous immerger dans la prestation qui vous attend, il est fortement conseillé de visionner :

U-Boot – Les « Loups Gris  » du Grand Amiral Dönitz font trembler l’Angleterre  » – Collection 39-45 La Guerre.- http://www.epidif.com/resultats.php?search=u-boot

Des batailles pouvaient être gagnées ou perdues, des entreprises pouvaient réussir ou avorter, des territoires être conquis ou évacués, mais ce qui dominait toutes nos possibilités de continuer la guerre, ou même de nous maintenir en vie, c’était notre maîtrise des routes de l’océan et des libres abords… La seule chose qui m’ait jamais réellement fait peur durant la guerre, ce fut la menace des U-Boote.

Winston Churchill

Près de 2775 navires alliés et 30000 sous-mariniers allemands périrent sous les flots. Une bataille d’hommes et de machines marque la surface des océans du nom de : La Bataille de l’Atlantique.

– Fin de l’année 1941 –

  • Depuis le début de la guerre, 41 U-Boote avaient été coulés par des navires, mais aucun directement par des avions. Des patrouillles furent effectuées depuis le Golf de Gascogne jusqu’à la mer du nord afin de surprendre les U-boote qui naviguaient en surface dans ces eaux. Ces patrouilles mirent à jour les constructions de l’organisation Todt qui mettaient en chantier d’énormes abris pour sous-marin sur les côtes Françaises : l’Orient, St Nazaire, Brest, La Rochelle, Bordeaux. L’abri le plus vaste situé à St Nazaire avait une épaisseur de 7 m 62 et 300,5 m de long et 80 m de haut et pouvait abriter 26 U-Boote. Au début de l’année 1942, les U-Boote s’y trouvaient à l’abri des bombardements de la R.A.F
  • Gunther Prien, celui-là même qui, le 13 octobre 1939 torpilla le cuirassé « Royal Oak » en se faufilant à bord de son U-47 dans la base navale anglaise de Scapa Flow, en Ecosse, coula avec son équipage le 7 mars 1941.
  • Grâce à une nouvelle stratégie qui consistait à torpiller les convois en s’introduisant au coeur de ce dernier, (au lieu de tirer des salves au hasard depuis l’extérieur), Otto Kretchmer battit tous les records avec son U-99 : 44 navires coulés, soit 193 684 tonnes. Son U-boot coulé, il fut finalement capturé par les anglais le 17 mars 1941.
  • Joachim Shepke fut tué ce même jour suite à un « éperonnage » qui lui écrasa les deux jambes dans le kiosque (appelé « baignoire » à cause des trombes d’eau qui s’y engouffraient).
  • Ces 3 as, considérés comme des héros de la Kriegsmarine, disparurent ainsi le même mois, affligeant un terrible coup au moral des sous-mariniers allemands.
  • Le 9 mai 1941, le HMS Bulldog, avec plusieurs autres navires de protection de convoi, forcent le U-110 à faire surface suite à un grenadage intensif. David Balme et 8 hommes (voir bonus du film U-571) capturent l’équipage du U.Boot et parviennent à récupérer intacte une machine à coder « Enigma » ainsi que ses codes. Le U.Boot sera remorqué en Island où il sombrera le jour suivant. David Balme fut décoré de la croix du mérite par le roi George qui lui dit en lui accrochant sur le revers de sa veste : « Ceci est l’évènement le plus important de la guerre ».
  • En 1941, côté anglais, le radar ASV Mark II fut installé sur les avions. Plus tard, afin de pallier une défectuosité dudit radar qui se brouillait à l’arrivée de l’avion près de l’eau, l’engin se vit équipé d’un phare puissant. Leurs attaques de nuit furent bientôt dévastatrices. Cependant, les escorteurs restaient l’arme la plus efficace contre les U-Boote. Ils furent munis de radiogoniomètre et purent ainsi repérer les émissions radio des U-Boote et donner leur position.
  • En juillet 41, 700 000 tonnes de navires de convoi attendaient toujours d’être réparées.
  • Début septembre, le service de décryptage ULTRA (anglais) devint sourd, les nouvelles clés introduites dans la machine à coder allemande enigma empêchaient tout décodage.
  • Tôt dans la matinée du 5 septembre 1941, un avion Hudson de la R.A.F repère le U-652 qui vient de plonger brutalement à la vue de L’USS GREER, un vieux destroyer Américain. Ce dernier fonce vers le lieu présumé de la plongée du U-Boot que continue de survoler l’avion. Après avoir esquivé trois torpilles, le destroyer perd le contact puis le retrouve quatre heures plus tard. Le contact repris, il lancera une série de grenades sous-marines. Le U-652 s’en sortira par une plongée profonde. Ces faits outrageront Roosevelt qui annoncera, le 11 septembre 41 à la radio Américaine, que Hitler perpétue et détruit la possibilité d’une liberté de navigation sur les océans. Il qualifiera cet acte de piraterie. Désormais, la marine des Etats-Unis se trouvait dans un état de guerre non déclarée ; Churchill jubilait.
  • Le 9 septembre, le convoi lent SC 42 croise par hasard le U-85 qui le repère par son abondante fumée. Le U-Boot fait un appel radio au B.D.U. (Centre de Commandement de l’Amiral Dönitz à Karnavel dit le Château des Sardines) qui dépêche aussitôt 16 U-Boote répartis sur 200 miles. La nuit venue, 4 des 17 U-Boote lancent leurs anguilles mortelles (torpille). Désavantagés par la pleine lune, les escorteurs (navires armés qui escortent le convoi) trop visibles, ne peuvent sonder à l’aide de l’ASDIC (anti-submarine détection investigation comite). Les loups gris (sous-marins allemand) entrent dans le convoi et le torpillent par l’intérieur. Au matin, huit navires manquent, trois autres sont coulés dans la matinée. Dönitz ordonne par radio : « Ce convoi ne doit pas nous échapper, U-Boote, poursuivez, attaquez et coulez  » : Le U-501 est coulé par deux corvettes canadiennes alors qu’il s’acheminait vers le convoi :
    • Les deux corvettes rejoignent le convoi.
    • Quatre autres U-boote rejoignent le convoi et torpillent sept autres navires.
    • Cinq escorteurs britanniques rejoignent le convoi ainsi qu’une patrouille aérienne.
    • Récapitulatif : Dix-huit navires coulés pour un U-Boot perdu.
    • Le BDU s’en félicita à un moment où le moral était bas.
  • Une semaine plus tard, le convoi SC 44 perdit quatre de ses navires, puis vers les Açores, le convoi SL 87 en perdit quant à lui, neuf.
  • Le 17 septembre, Hitler refusa à Raeder et à Dönitz un « torpillage sans restriction » afin de ne pas engager un conflit ouvert avec les Etats-Unis.
  • Le 14 novembre 1942, le porte-avions Ark Royal est attaqué par le U-81 qui, après une salve de 3 torpilles défectueuses, se voit grenadé à son tour par le porte-avions qui le force ainsi à faire surface et à se rendre.
  • L’interception des U-Boote au moment de leur ravitaillement devenait urgent et le 21 novembre 41, le corsaire ravitailleur allemand fut coulé par le Devonshire. Le U-126 eut juste le temps de plonger en catastrophe et ne remonta que pour tirer les canots de sauvetage du corsaire en flamme. Dix jours plus tard, le Python (ravitailleur allemand) qui avait récupéré les naufragés, fut lui aussi attaqué par ce même navire anglais, le Devonshire ; le Python se saborda. Ces faits firent naître des doutes à Dönitz sur la pleine efficacité de ses codes secret de communication. Mais en haut lieu, toujours la même réponse : « tout va bien ».
  • Sur la route maritime partant de Gibraltar, des avions patrouillaient pour diriger les U-Boote vers les convois. Ainsi, le HG 75 perdit un destroyer (le Cossack) et cinq navires. L’amirauté décida d’interrompre le système de convoi jusqu’à obtention d’une force de frappe plus imposante.
  • Le 14 décembre 1941, trente et un navires de convoi escortés de seize bâtiments de guerre (convoi HG 76), commandés par F.J. Walker, prirent le départ de Gibraltar. Après 2 jours, Les Focke Wülf condor repérèrent le convoi et sept U-Boote furent dépéchés :
    • Au matin, deux U-Boote étaient sur place dont le U-131 qui fut coulé immédiatement,
    • Durant la nuit, deux autres U-Boote arrivèrent,
    • Au matin du troisième jour, ce fut le U-434 qui fut repéré lors de sa filature, et coulé,
    • Peu avant la nuit, les pilotes allemands ramenèrent les U-Boote sur l’objectif,
    • Le U-574 et le U-108 torpillèrent le destroyer Stanley,
    • Le Commandant Walker attaqua violemment les loups gris de Dönitz,
    • Durant la nuit, malgré l’efficacité de l’aviation britannique à éliminer les avions de reconnaissance allemands, cinq U-Boote venaient de rejoindre le convoi.
    • Le canonnier George Parr était de quart sur le porte-avionss d’escorte Audacity et vit soudain, avec horreur, une trainée blanche arriver par flanc babord. L’explosion fit bouger tout le navire, et suite à une courte riposte, le U-Boot lança une seconde torpille qui fit se soulever dans le ciel une baleinière.
    • Un navire marchand fut coulé.
    • Le convoi se vit enfin à portée de Liberator (avion de repèrage anglais ou américain à long rayon d’action).
    • Dans la nuit, on fit croire à une fausse attaque ; des fusées éclairantes et des grenades furent tirées par les escorteurs afin de permettre au convoi de changer de route. La ruse fit son effet.
    • Récapitulatif : quatre U-Boote auront été coulés. Ce fut une sévère défaite pour la Kriegsmarine d’autant que le dernier as, le lieutenant de vaisseau Endranss, avait péri.
  • De plus on était passé de 200 000 tonnes de navires coulés en septembre à 156 000 tonnes coulés en octobre et 62 000 en novembre. Le tonnage tomba du fait que vingt cinq U-Boote avaient été envoyés en Méditerranée, et, dans le détroit de Gibraltar qui s’avérait être un véritable piège à sous-marins. Mais décembre afficha de nouveau une hausse de 156 000 tonnes.
  • Les U-Boote étaient passés de cinquante à deux cent unités, du fait d’une intense construction navale. Mais les pertes étaient de un sur sept lors d’attaques, et le poids de l’intervention américaine pesait de plus en plus.
  • Les escorteurs américains, inexpérimentés, se tenant trop loin des convois, laissaient aux sous-marins de larges mailles. Ainsi, le convoi SC 48 fut l’une des victimes de cette erreur, malgré ses cinq escorteurs. Onze traînards (ainsi étaient appelés les navires qui perdaient le convoi) furent pris en chasse par une meute de loups gris :
    • Un cargot de 6 000 tonnes fut coulé,
    • Une seconde torpille coula un cargot norvégien de 5 000 tonnes,
    • Tirant avantage de l’absence de radar sur les destroyers américains ; la meute se rapprocha pour lâcher des salves de torpilles et atteignit un cargot, une corvette et le Barfonn (un pétrolier norvégien de 1200 tonnes). Très vite, des obus éclairants furent lancés mais les U-Boote en tirèrent avantage, voyant ainsi distinctement leurs proies, et ce fut au tour du cargot Rym de couler,
    • Le U-568 lança une gerbe de 3 torpilles dont l’une d’elle toucha un destroyer. Celui-ci put cependant être ramené à bon port.
    • Le HMS Broadwater fut touché par le U-101 et coula,
    • Etc.
    • Récapitulatif : Le BDU se félicita de neuf navires marchands, deux destroyers américains et une corvette coulés.
  • A la suite de ces derniers évènements, les relations entre Hitler et Roosevelt s’envenimèrent.
  • Le convoi HX156, escorté par les américains, fut aperçu par Eric Topp, commandant du U-552, un des as de la Krieksmarine, celui-là même qui torpilla le destroyer américain d’escorte USS Reuben James.
  • Le 7 décembre 1941, Pearl Harbor.
  • 2 jours après Pearl Harbor, Hitler déclarait la guerre à l’Amérique et se faisait allié du Japon.
  • C’est à ce moment de croisement politique important que Dönitz, profitant du manque de navires de guerre et de marins expérimentés en Amérique, envoya sur les côtes Est une offensive de six grands sous-marins de type IX (alors qu’il en avait demandé 12), offensive nommée « Paukenschlag » (traduit par « coup de cymbales »). Dönitz resta amer de n’avoir obtenu que la moitié des sous-marins escomptés.
  • Le 1er janvier 1942, 22 nations signaient une déclaration de guerre contre les forces de l’Axe. A partir de cette signature, tout dépendait du transport de matériel militaire à travers l’Atlantique. Si un seul élément venait à perturber ces transports, tous les actes militaires (terre, air, mer) s’effondreraient.
  • A son retour de négociations avec Roosevelt, Churchill apprit une nouvelle alarmante : le 12 janvier 1942, Hardegen et son U-123 avaient torpillé 2 cargos, et le 14 janvier, coulé le pétrolier Norness de 10 000 tonnes. Les villes côtières américaines n’étaient pas obligées de tenir le black-out. Ainsi, en pleine nuit, les silhouettes des navires se dessinaient impeccablement sur l’océan, facilitant les torpillages déjà multipliés par le manque de surveillance des 2000 miles de côtes par manque de moyen. Hardegen avait ordre de ne couler que les gros navires, par économie de torpilles. Il coula 2 pétroliers. Zap (Commandant du sous-marin U-66), le rejoignit et en torpilla un troisième devant New-York. Malgré ces coups portés, tous les navires continuaient de naviguer tous feux allumés. Ce n’est qu’au bout de 3 mois que le black-out fut de mise. Cette hérésie était du fait des stations touristiques qui craignaient de perdre leur saison.
  • En 2 semaines, 25 navires coulent, dont 70 % de pétroliers, totalisant 200 000 tonnes.
  • Un câble anglais fit part aux Américains des tactiques à adopter face à la menace des U-Boote. Mais l’Amérique n’était pas prête à stopper une telle arme sur-entraînée. L’amiral King, pour couronner le tout, s’était entêté à refuser le principe de protection des convois. Le résultat fut catastrophique. Parfois, les navires étaient coulés avant même de rentrer dans les convois.
  • Le 11 février 1942, les cuirassés Charnhorst et Gnisenau et le croiseur lourd, Prinz, s’échappèrent de Brest au nez et à la barbe des anglais pour atteindre Wilhelmshaven. Les journaux anglais diront qu’un tel outrage n’avait pas été vu depuis le XIIème siècle.
  • En milieu février, une nouvelle vague de U-Boote arriva au large des côtes de Floride. Ce fut l’opération Neuland, où 17 navires, pour la plupart des pétroliers, furent méticuleusement choisis et coulés.
  • Le 19 février 1942, le U-161 du lieutenant de vaisseau Achille, torpilla un cargo et un pétrolier. Un mois plus tard, il coulait 2 autres cargos.
  • Puis vint Baüer avec son U-50 qui, en 15 jours, expédia 9 navires par le fond. Les sous-mariniers appelèrent cette période « les nouveaux temps heureux » ou encore, « la chasse à la dinde américaine ».
  • Hitler persistait à garder 20 U-Boote en Norvège, n’en laissant partir que 6 pour l’Amérique.
  • Le 24 février, quatre U-Boote interceptèrent le convoi ON67 qui y laissa 6 navires. Son escorte américaine était totalement inexpérimentée.
  • 430 000 tonnes de navires furent coulées en février 42, dont 80 % aux Etats-Unis. Pour clôturer ce mois de février, un pétrolier de 10 000 tonnes fut torpillé au New Jersey. Suite à ce fait, l’état-major se décida enfin à prendre des mesures d’urgence : des destroyers furent affectés le long des côtes.
  • Lors d’une attaque aérienne, William Tepuni grenada victorieusement le U-556 au large de Terre-Neuve.
  • Rien ne paraissait pouvoir stopper le flot destructeur des requins d’acier de Dönitz. Leur précision et leur habilité à disparaître et à frapper sans crier gare faisaient toute leur force.
  • Mais l’Amérique se réveillait. Début avril 42, un vaste programme de construction intensive pour la chasse anti-sous-marins fut lancé sous le slogan « 60 bateaux en 60 jours ». De jeunes équipages au surnom de « Donald Duck » furent formés. Plusieurs savants spécialistes et marins furent réunis autour des nouvelles tactiques anti-sous-marines.
  • A cause de conflits internes entre la marine et l’aviation, ce n’est qu’en juin que commença la chasse aux U-Boote. En attendant, ce ne furent que quelques voiliers armés et à moteur qui se montrèrent à l’entrée des ports. Mais face à des équipages aguerries qui avaient survécu aux intenses batailles de l’Atlantique-Nord, les voiliers ne firent pas le poids.
  • En mars 42, des chalutiers armés, de la Royal Navy, arrivèrent sur la côte ouest. Il était temps. Le rythme de perte était de 10 000 tonnes de navires par jour, en moyenne. L’amiral King, malgré l’insistance de Churchill, se refusait toujours aux convois et préférait opter pour une destrucion des U-Boote à la base, c’est-à-dire, attaquer les chantiers de construction et détruire les bases sous-marines françaises. Résultat : un demi-million de tonne de navire fut perdu en mars.
  • Il fallait un ravitaillement de quatre pétroliers au minimum, par jour, à l’Angleterre pour survivre, et ils étaient la cible première des U-Boote.
  • Au printemps 42, l’état-major allemand entrevoyait la victoire si leurs sous-marins tenaient ce rythme effréné. L’amiral Raeder était confiant, tandis que Dönitz comptait détruire plus de navires que l’ennemi ne pourrait en produire. Ainsi, il espérait détruire 600 000 tonnes par mois pour venir à bout de la guerre.
  • Dönitz totalisait maintenant 288 sous-marins dont 122 étaient opérationnels. Les sous-marins restants étaient, soit en transit de retour, soit en réparation.
  • Le 1er avril 42, l’amiral King se décida enfin à entendre ce que lui conseillaient les britanniques, et l’on vit bientôt des convois se former le long des côtes. On passa ainsi de 128 navires coulés à 21.
  • Fin avril, 18 sous-marins partirent en Floride et 9 autres dans les Antilles. Ce fut l’époque des « vaches à lait ». Ces sous-marins ravitailleurs de 1700 tonnes apportaient dans leur soute 700 tonnes de fuel et suffisamment de torpilles pour ravitailler 12 U-Boote. Par ce procédé, les Caraïbes et le Mexique furent profondément atteints. Le Général Marshall vint à dire à l’amiral King : « Je crains fort qu’un ou deux mois encore de ces pertes ne viennent à si bien paralyser nos moyens de transport que nous soyons incapables d’amener assez d’hommes et d’avions pour affronter l’ennemi dans les théâtres critiques, pour exercer une action déterminante dans la guerre. » (1)
  • 2 autres vaches à lait furent à nouveau dépêchées, entraînant une perte de 148 navires dans ce secteur, en mai et juin. De plus, Dönitz envoya ses U.Boote à l’assaut de la Nouvelle-Orléans où stationnait un important trafic de pétroliers et d’industries essentielles aux U.S.A. Schacht, Commandant du U-507, porta le premier coup en coulant un transport de bauxite. Chevaleresquement, il fit surface pour dire aux survivants : « Désolé, mais je devais le faire. J’espère que vous vous en tirerez » (2) et effectivement, ils s’en tirèrent. Les faibles mesures prises pour escorter les convois amenèrent le U-506 et le U-507 à se rejoindre et à couler un navire par jour. 200 000 tonnes de navires sombrèrent, dont la moitié était des pétroliers. La conjugaison de ces 6 U-Boote (les 4 U-Boote qui interceptèrent le convoi ON67 le 24 février, et les 2 précédemment cités) firent qu’au 15 mai 1942, un rationnement fut opéré dans les états de l’Ouest, et l’effort de guerre même s’en trouva menacé. Durant ces 4 mois (de février à juin), un million de tonnes de navires rejoignit les abysses s’en qu’aucune mesure sérieuse ne soit prise. Enfin, le 10 juin 1942, l’entêté amiral King se décida, sous d’intenses pressions, à faire escorter un convoi de pétroliers. 5 jours plus tard, le manque de convoi fit 2 victimes : 2 cargos torpillés devant la station résidentielle de Virginia Beach, en Floride, sous les yeux ébahis de milliers de baigneurs.

(1)Extrait page 213 de La Bataille de l’Atlantique de Terry Hughes et John Costello- Editions Albin Michel –

(2) Extrait page 213 de La Bataille de l’Atlantique de Terry Hughes et John Costello- Editions Albin Michel

  • En mai, le convoi ONS 92 perdit 7 navires suite à une coordination en meutes des U.Boote. Le mois suivant, le convoi HC84 en perdit 5, dans la nuit du 15 juin.
  • Les conserves, le pain noir, les pommes de terre supportant mal le voyage ; les équipages des U.Boote durent faire face à de sévères privations.
  • Vers la fin de l’été, le massacre des convois, appelé « Blitz », diminua, grâce aux mesures anti-sous-marines (nombre croissant de U.Boote décimés) et aux nombres importants de convois enfin escortés. La fatigue des équipages des U.Boote commença à se faire cruellement sentir, compte-tenu de la forte température (Floride). Malgré ces déconvenues et malgré une baisse de l’efficacité de l’opération Paukenschlag due à la coordination des convois, on comptabilise tout de même une perte de 2 millions et demi de tonnes dont des pétroliers de grande valeur.
  • Hitler étendit l’attaque jusque sur les côtes brésiliennes où 3 navires furent coulés, causant ainsi la déclaration de guerre du Brésil le 22 août 42 à l’Allemagne et à l’Italie.
  • Après août 42, « les temps heureux » s’estompaient au fur et à mesure d’une savante organisation des convois escortés. En effet, le résultat parla de lui-même en ce que 14 navires seulement sur 1400 périrent au cours des 3 mois suivants. Enfin, la leçon anglaise avait été entendue par l’Amérique.
  • En juillet 1942, un incroyable rendement de construction permit de sortir 3 navires par jour, plus qu’il ne pouvait en être coulé. Ces navires pré-fabriqués furent appelés « Liberty Ships » (rappelons que le premier, du nom de Patrick Henry, vit le jour le 27 septembre 41). On en produisit, en septembre, un million de tonnes. Ce fut un facteur décisif de la bataille de l’Atlantique. Churchill écrivit plus tard « La bataille de l’Atlantique fut pendant toute la guerre le facteur dominant. A aucun moment il ne nous fut possible d’oublier que tout ce qui arrivait partout ailleurs, sur terre, à la mer, ou dans les airs dépendait en définitive de son issue » (1)
  • A partir de 1942, les convois de l’Atlantique assuraient les transports vers la Grande-Bretagne mais aussi vers l’URSS qui croulait sous l’avance rapide des forces allemandes. Pourtant 110 navires étaient parvenus à Mourmansk au nord de la Finlande pour y débarquer 799 chasseurs (avions), 772 tanks, 1404 véhicules et 10 000 tonnes d’équipement. Cependant, ces convois de Norvège furent bientôt la proie, non seulement du mauvais temps, mais surtout de Hitler qui les désigna comme une des cibles prioritaires. Le Tirpitz, navire allemand, manqua une intervention sur le convoi QP.8. La Luftwaffe et les destroyers firent perdre 6 navires au convoi PQ.13. Les trois armes réunies ; air, mer et sous-marins, coulèrent 4 navires aux convois QP15 et QP 11. La Royal Navy, quant à elle, perdit 2 croiseurs. « Ces convois russes deviennent un véritable boulet » (2) déclara Pound à l’amiral King. Le 27 juin, le convoi PQ 17 de 34 navires était escorté de 6 destroyers, de 2 bâtiments DCA, de 2 sous-marins, de 11 corvettes, de dragueurs et de chalutiers armés, et pouvait faire appel à 4 croiseurs britanniques et américains, à une couverture éloignée de 2 cuirassés et 3 croiseurs, elle-même accompagnée d’un écran de destroyers. La Luftwaffe aperçut, le 1er juillet, cet énorme convoi. Durant 3 jours, ce dernier fut bombardé, 2 bateaux furent coulés et un pétrolier endommagé. Soupçonnant la présence du terrible Tirpitz, le convoi fut dispersé au grand bonheur des U.Boote et seulement 11 navires arrivèrent à bon port. La perte s’éleva à 100 000 tonnes. Les attaques allemandes avaient vidé les réserves de matériel. L’inquiétude était grande et les opérations d’attaque retardées. La rotation des navires de transport était devenue un vrai casse-tête et les capacités de transport maritime, un exploit, tant on manquait de navires.

(1)Extrait page 220 de La Bataille de l’Atlantique de Terry Hughes et John Costello- Editions Albin Michel

(2)Extrait page 222 de La Bataille de l’Atlantique de Terry Hughes et John Costello- Editions Albin Michel

  • L’état de siège en Angleterre fut réorganisé de façon à mieux appréhender la baisse des réserves. 3000 navires avaient été coulés et la construction n’égalait pas les pertes. De toute part, on s’affairait à réparer et à construire de façon ordonnée. De nombreuses femmes et charpentiers avaient été embauchés dans ces constructions, sous le danger permanent des bombardements. Il avait été organisé par le ministre de l’information, des campagnes publicitaires, visant à convaincre les ouvriers qu’ils étaient des « combattants de première ligne de la bataille contre les U-Boote. » (1) 750 navires devraient sortir des chantiers avant la fin de l’année, et 1500 en 1943. 2700 seront contruits par la suite, ne serait-ce qu’aux Etats-Unis. Dönitz comprit que ces évènements entraîneraient un besoin en moyens de riposte, proportionnel à l’accroissement des destructions. On coulait aujourd’hui 700 000 tonnes par mois, et ce chiffre, si la guerre voulait être gagnée, ne devait pas baisser. Dönitz sous-estima la rapidité de construction des Liberty Ships. Il comptait beaucoup sur la nouvelle mise à feu des torpilles qui engendrerait un plus grand nombre de victimes.
  • Par ailleurs, il créa une série d’attaques de diversion dans le but d’attirer les forces d’escorte alliées loin de l’Atlantique nord. Le 1er août, le groupe Eisbär – Ours polaire – de quatre U-Boote type IX : les U-68, U-156, U-172, et U-504 appareilla vers le Cap en compagnie d’une vache à lait. Le 12 septembre 1942, le U-156, commandé par le lieutenant de vaisseau Hartenstein, torpilla le transport de troupes britanniques Laconia (2). Celui-ci transportait 1700 prisonniers italiens. Harsteinstein, très ennuyé, rendit compte au BDU après en avoir recueilli 193 sur les 1700. Puis, il envoya un message aux ennemis anglais signalant que si des navires venaient au secours des naufragés, ils ne seraient pas attaqués pourvu qu’il ne le soit pas lui-même, et il donna sa position. 2 jours durant, 200 hommes restèrent sur le U-Boot battant pavillon croix rouge. Le 15 septembre à midi, un Libérateur américain vit cet étrange équipage et demanda des ordres. On lui répondit de détruire le U-Boot sans tenir compte du pavillon. Seules les embarcations de sauvetage furent touchées, le U-Boot ayant eu le temps de plonger, échappa de justesse au bombardement. Outré par l’attitude américaine, Dönitz révisa ses consignes. Le 17 septembre, il les diffusa :
    • Toute tentative de sauvetage et d’aide aux naufragés doit cesser,
    • L’ordre de capturer le capitaine et le chef-mécanicien reste en vigueur,
    • Les survivants seront recueillis que s’ils offrent un intérêt pour les U-Boote,
    • Soyez fermes… le bombardement n’épargne ni nos femmes, ni nos enfants.

(1)Extrait p.225 de La Bataille de l’Atlantique de Terry Hughes et John Costello- Editions Albin Michel –

(2)Voir l’ouvrage L’affaire du Laconia de Léonce Peillard – Editions Robert Lafont

  • En juin 42, l’Amirauté voyant la menace grandir, redoutait pour l’automne prochain une nouvelle campagne des U-Boote dont 200 étaient opérationnels. Une bataille politique s’échaffauda pour ou contre des avions en Atlantique plutôt que de bombarder des cibles vitales telles que les chantiers de construction des U-Boote ou leurs abris. Pourtant en ce même temps, le 5 juillet, l’un des avions du Coastal Command muni du radar ASV et d’un projecteur, coula le U-502 – victoire pour W. Howell, pilote de l’avion. A la suite de ce nouveau type d’attaque (de nuit avec un projecteur), Dönitz exigea que les U-Boote naviguent en surface en journée (afin de recharger leurs batteries) au lieu de naviguer de nuit. Malgré cette précaution, quatre U-Boote furent coulés par la RAF – premier revers d’une longue liste. En septembre cependant, le nombre de U-Boote repérés par les radars s’effondra grâce à l’équipement sur les sous-marins de récepteurs détectant les émissions radar : le Metox. Mais la menace était provisoirement contenue et Dönitz le savait. Il comptait sur ses nouveaux U-Boote ; des sous-marins capables de rester plusieurs jours immergés et totalisant 21 noeuds en surface, et 22 en plongée, grâce au moteur Walter, contre 18 en surface, et 7 en plongée pour les U-Boote classiques. A la mi-juillet, les objectifs étaient le milieu de l’Atlantique, périmètre mort où les avions limités dans leur autonomie ne pouvaient plus protéger les convois vers l’Angleterre. Cette zone étaient appelée la « gorge du diable » par les sous-mariniers.
  • La phase décisive de la bataille de l’Atlantique allait débuter. 300 U-Boote étaient opérationnels mais les escorteurs augmentaient aussi dans l’autre camp, et les avions devenaient l’oeil des navires sur les invisibles U-Boote. Pourtant le 5 août, le convoi lent SC.94 fut entouré d’une meute dans le périmètre du trou aérien, ce qui conforta Dönitz d’intercepter les convois dans cette fameuse « gorge du diable ». De plus, il avait remarqué une route prise par les convois qui leur permettait d’économiser le fuel tandis que Le B.Dienst (service de décryptage allemand) continuait à percer les codes et à donner les dates de départ des convois et leur position. Les anglais, au contraire, étaient dans le brouillard le plus complet et souffraient du manque de décryptage, dû au remaniement début 42, de la machine à coder Enigma. Il fallut attendre décembre pour comprendre de nouveau les messages des U-Boote.
  • En septembre, durant une action qui dura une semaine, le convoi ON 127 perdit 9 navires et un destroyer canadien.
  • Plus tard, 20 U-Boote furent rassemblés sur le convoi SC 100, mais les forces de patrouille aériennes et le mauvais temps minimisèrent les pertes à 3 navires.
  • Dans les 2 mois qui suivirent le début d’une campagne, les U-Boote coulèrent plus d’un million de tonnes de navires.
  • Pour pallier l’effondrement de la Russie, le convoi PQ 18 fut sur-escorté par la plus forte concentration de navires jamais déployée : autour du HMS Scylla ; 29 destroyers, un porte-avions, 5 chalutiers et 3 navires de sauvetage. Pourtant, le 13 septembre 1942, les U-Boote coulèrent en plein jour 2 navires, puis la Luftwaffe déclencha une attaque cauchemardesque durant une semaine. Sur 40 navires, 13 furent coulés, dont 80 % américains. Dans le même temps, le convoi QP 14 perdait 4 navires marchands, 1 destroyer et 1 chalutier. Plusieurs cargots rapides parvinrent toutefois à franchir le barrage des U-Boote. Cependant, la seconde semaine d’octobre, le convoi SC 104 laissa 11 navires dans la « gorge du diable ». 15 jours plus tard, le convoi HX 212 y perdait 9 bâtiments, et lors de la plus grande bataille du mois, le convoi SL 125, 11 navires, contre une meute de 10 U-Boote. Octobre afficha l’objectif fixé de 700 000 tonnes. Durant ce temps, 350 navires alliés convergeaient vers l’Afrique du Nord pour l’opération Torch, appuyés par 200 bâtiments de guerre qui traversèrent l’Atlantique fin octobre.
  • Le 2 novembre, le convoi SC 107, convoi lent de 43 navires destiné au ravitaillement, fut pris en chasse. L’escorte inexpérimentée laissant des zones non protégées, 1 navire fut coulé. Le branle-bas fut ordonné. On tirait des obus éclairants en tous sens, ce qui eut pour seul effet d’aider les U-Boote à mieux les repérer. Au matin, 15 navires manquaient au convoi.
  • Le 4 novembre salua la victoire de l’armée britannique à El Alamein (désert). Le 8 novembre, des milliers de soldats prenaient pied à Casablanca, Oran et Alger (opération Torch) et moins d’une semaine plus tard, l’avancée allemande en Russie était stoppée à Stalingrad. Dans ce même temps, les français sabordaient leur propre flotte à Toulon sur ordre de Vichy qui préférait cette alternative plutôt que de former une flotte avec les anglais. Seuls 3 sous-marins français parviendront à rejoindre l’Angleterre sous un feu d’enfer.
  • En novembre, plus de 700 000 tonnes de navires furent détruites, à celà s’ajoutaient 160 000 tonnes coulées par la Luftwaffe et autres moyens. Ce sera le plus haut pic jamais atteint de toute la guerre. Churchill convoqua le Comité de la guerre sous-marine afin de trouver une parade. Il en ressortit que la couverture aérienne était la solution à l’offensive des U-Boote. (On verra plus tard, en mai 1943, qu’après 18 000 sorties aériennes, 38 000 tonnes de bombes et 882 bombardiers sacrifiés avec leur équipage, les chantiers de la Kriegsmarine continuèrent de livrer leurs U-Boote). Quant aux bases sous-marines de France, elles pouvaient résister à de lourds bombardements, protégées, pour certaines, d’une épaisseur de 7 mètres de béton armé. De ce fait, lors de bombardements massives et ciblés, ce furent les habitations aux alentours qui furent détruites. La « gorge du diable » fut également un sujet brûlant et particulièrement examiné. On savait que le Coastal Command (aviation anglaise) avait 10 % de réussite à chaque attaque ; ordre lui fut donné d’atteindre les 30 % pour se débarrasser des intrépides U-Boote. La nouvelle technique des charges, appelée « Porc épic », installée sur avion ou navire, et dont la nouveauté consistait en une explosion à moindre profondeur – optimisait de 4 à 20 % les résultats de destruction. Un nouveau viseur fut installé sur les avions. Il fallut 18 mois entre ces améliorations et de nombreux essais pour faire grimper les chiffres à 60 % de réussite. Le radar ASV3 fit son apparition. Son efficacité était telle que l’on pouvait voir à l’écran le graphisme net d’un kiosque de U-Boot, à 5 kms. Le 20 novembre 42, Roosevelt fut appelé par Churchill pour la commande de 30 avions munis de ce radar, mais pour des raisons de distribution, il fallut attendre février 43. Durant ces 3 longs mois, la « gorge du diable » continua d’engloutir de nombreux navires.
  • Max Horton, ancien sous-marinier qui avait coulé durant la 1ère guerre un croiseur allemand, commandait depuis 1940 les sous-marins anglais. C’était un meneur d’hommes et les exercices à la mer allaient bon train. Depuis juin 1942, sous sa férule, 6 groupes d’escortes des Western Approaches avaient escorté 63 convois, dont 23 navires seulement avaient été perdus, comparés aux 53 perdus sous escorte des 4 groupes canadiens, et des 10 perdus sous l’unique groupe américain. A la décharge des canadiens, il faut préciser que leur équipage était des plus déplorable. En effet, le personnel, sortant plus la plupart des fermes environnantes, était jeté dans l’Atlantique nord au milieu des meutes de U-Boote. Toutefois, le RCN Navy était parvenu à couler 6 U-Boote en 1942. Quant au moral anglais, après enquête, il s’avéra bon, malgré leurs pertes élevées.
  • Constat fut fait que durant quelques mois, de novembre 42 à février 43, les forces navales anglaises de surface et celles allemandes sous-marines qui rivalisaient de puissance, s’égalisèrent dans un frêle équilibre.

Quelques chiffres

  • 1154 U.Boot ont étés construits, 863 ont été mis en services, ils ont coulés près de 2775 navires représentant 14 119 000 tonnes.
  • Parmi ceci, 150 navires de guerre dont 2 cuirassés, HMS Royal Oak et HMS Barham.
  • 2 porte-avions : HMS Courageous, HMS Ark Royal et HMS Eagle.
  • 5 portes avions d’escorte, 15 fregates, 34 avisos et corvettes et 40 Destroyers.
  • 759 U.Boot ont étés perdus, 220 ont étés sabordés en mai 1945 à la réception de l’ordre « REGENBOGEN « 
  • Des 40 000 hommes ayant servis dans les sous-marins, 29 000 ne sont jamais revenus.
  • 5000 hommes environ ont étés fait prisonniers lors de la perte de leurs bâtiments.

U.Boote perdus de 1939 à 1945

1939 9
1940 24
1941 35
1942 86
1943 239
1944 234
1945 132

Navires coulés de 1939 à 1945

Dates Trimestre Navires coulés
1939 Sept à Déc 105
1940 Janv à Mars 80
Avril à juin 75
Juillet à Sept 150
Oct à Déc 130
1941 Janv à Mars 100
Avril à juin 150
Juillet à Sept 90
Oct à Déc 70
1942 Janv à Mars 225
Avril à juin 240
Juillet à Sept 290
Oct à Déc 260
1943 Janv à Mars 200
Avril à juin 120
Juillet à Sept 75
Oct à Déc 40
1944 Janv à Mars 45
Avril à juin 20
Juillet à Sept 35
Oct à Déc 17
1945 Janvier à Mai 55